[PM] Confiteor de l'apprenti-poète (17/06/08)

Réécriture osée du précédent poème
Avec un petit jeu sur les instances narratrices


Encore. Voilà encore ce soleil qui se dresse
Dans un pompage interrompu, sommet de gloire
Il dardera de rayons notre promenade
Narguant, s’écroulant à l’ultime heure de la messe

Il faudra de la bravoure pour tout avouer
Ce Confiteor, confiture de désastres
Assaisonné de puants relents pessimistes
Et il faudra tout avouer et puis pleurer

Débouchons dans cette verdoyante clairière
Allons à la rencontre de ces Muses altières
Combien ! Allez réfléchis combien de fois
A travers cette Nature,le cœur léger
Tu t’es mis à divaguer avec tes pensées
Pour nager dans les eaux noires du profond moi

Les voilà, ces filles des Dieux, qu’elles sont belles !
Elles t’offrent encore leurs plus séduisants apprêts
Elles t’attendent –vite !- que tu t’enfouisses en elles
Pour que tu suces avec volupté, sans arrêt
Le suc de leur mémoire, ta source de créer
Mais pour y accéder, il faut laisser trace
De ton passage, une marque fort vivace
Habitude !ce sera un peu de laitance
Echange d’essences, semence contre substance
Pour continuer à trôner sur la tour des
Poètes avec vers, atours et peu de respect

Pourtant aujourd’hui cela va vraiment changer *
Oh ! Te voilà, tu nous avais tellement manqué
Aujourd’hui, je vous consumerai une à une
Mais moi seul, renaîtrai de vos pires souffrances
Viens près de nous ! Nous sommes désormais avides
Que tu nous lises les dernières de tes stances
Et le Vert solitaire au Rouge repentant
Tournera ! Quel beau vers celui-là, vraiment !
Un bouquet de flèches fiché en plein cœur
Réfugie toi, nous allons t’inspirer, n’aie peur !

Quoi ? Pourquoi lances-tu vers nous ce regard haineux ?
Nous sommes divines, du succès les génitrices
Nous sommes la matrice de tes idées créatrices
Responsables de ta gloire et puis pas qu’un peu !

Je vous méprise, vous qui vous croyez divines
Avec vos gambettes, sourires, tailles fines
Vous qui jetez les hommes dans le désespoir
Et qui faites mirer l’espoir les vieux soirs !
Hugo ! Qui a banni les douze pieds carrés
Prête-moi ces armes antiques pour terrasser
Qui a mis un bonnet rouge au vieux Dictionnaire
Laisse-moi lever un vent révolutionnaire
Pour ôter les masques de ces viles harpies
La porcelaine se brise ! Voyez les faciès
De Gorgones, l’eau casser ces beautés de glaise
Ce ne sont pas des adjuvants à l’écriture
Mais des drogues qui abolissent tout futur
Quant à la gloire éphémère qu’elles vous proposent
Elle est destructrice et au final, bien peu de choses.

Je me souviens du jour de notre genèse
Je voulais être le plus grand,le plus fier
Penser plus intelligemment que ce fameux Blaise
Refaire le siècle sous l’éclat de mes lumières

Mais qu’importe la volonté sans les moyens !
Je travaillais beaucoup pour arriver à rien
Alors vinrent les Muses et leur fausse victoire
Troquée contre mon immatériel avoir
Je troquai et me tronquai face à ces trésors
Me frottai à elles en quête d’obéissance
Je perdis encore plus d’être que d’avoir
Mais me sentis empli d’une grande puissance

Alors je sacrifiai ma pauvre vie entière
Sur l’autel du travail et de la réussite
Je voulais tout posséder, le plus vite
Mon âme devint aussi dure que de la pierre
Je me mis à rabaisser mes capacités
Alors que mes productions étaient excellentes
Cela fit que les gens commencèrent à s’énerver
Et à me haïr au lieu de me comprendre
Je compris un peu tard que mon attitude
Avait un fort lien avec cette solitude
Je décidai de raser la table, tuer
Le passé pour mieux voir l’avenir arriver

Et j’y parvins. Et je brisai mes lourdes chaines
Je rompis notre pacte et découvris l’amitié
Pour mieux encore retourner à vous, la peine
Ayant annihilé le fragile bonheur crée
On ne se libère jamais de son naturel
On a beau le refouler, il revient au galop
Fait subir l’enfer à tous surtout à elle
Et provoque la coupure dans les sanglots

Quelle gifle ! Quel choc ! Quelle désillusion !
Car il fallut piger que le travail ne paie pas toujours
Pour comprendre l’existence des autres choses
Et que la solitude détruit plus qu’à raison

Sauf que je ne le compris pas, sinon
Pourquoi flirter encore avec vos venaisons ?
Vous, cruelles et tyranniques divinités
Phagocytant les infortunés aveuglés !
Diderot m’envoya une lettre et je vis :
Que si la source de mes aberrantes erreurs
Était dûe à mon incommensurable égoïsme
Couplé envers l’Autre d’une grande terreur
A une volonté de subsister sans oser
A tenter de vouloir à tous prix être aimé
Pourtant sans avoir l’impression d’y parvenir
Se sentir, rond, noir, lourd et ne pas le dire
A une envie pressante de vite en finir
Parce qu’on en croit compter pour personne
Puis se rappeler que cela n’est même pas vrai
Mais se demander si tout est vraiment réel
Mon esprit me joue souvent de très vilains tours
Quand il sombre dans les ténèbres de la folie
J’ai tendance à voir le mal partout et surtout
Parce que je suis sceptique, esclave du doute
Vous avez beau m’apprécier et me le montrer **
Ce dernier est encore là pour hypothéquer
Votre estime et tout ce qui m’est apporté
Je m’excuse si les germes du mal demeurant
En moi, finissent par fleurir en vous, un jour
En bouquets de beaux pétales vénéneux pour
Accroître et croître dans un terreau de sang

Le poème n’est pas fini, reste le procès
Des Muses à instruire et que tombe le couperet.
Et je me remémore qu’au commencement
Je puisais mes écrits dans le velouté de chairs
Condescendantes, enfermé dans un filet
Voici venir la fin en lettres véhémentes
Il ya bien longtemps –dans un bête délire
Je m’entichais de vous jurer fidélité
Vous rigoliez-cette notion vous est abjecte
Car vous saviez que je courrais droit vers le pire

Et aujourd’hui, je romps tous mes serments d’antan
J’ai mesuré mon cœur à l’aune de vos charmes
Je n’y ai vu que mépris, voies d’insanité
Alors je me pardonne en textes lettrés de sang
Allez, goûtez à l’amertume des larmes
Avant de rejoindre vos pères et de vous envoler !

Entre le silence de calmes arbustes
Vous tenterez de m’arrêter, avoir ma chute
Entre les clairières, abri des animaux
Vous lancerez tout feu, tout flamme, de nombreux sorts
Entre les flots éclatants de ces chères eaux
De sombres rets balancés qui souhaitent ma mort
Entre les tapis multicolores de saison
Et que celles qui convoitent ma quintessence
Soient frappées du courroux de ma vengeance
Entre sanglots longs, lamentations des violons

Griffez, mordez et tentez de m’anéantir
J’ai dans mes veines le poison qui fait souffrir
Celui de la critique, une haine qui peut occire.
Sans aucun espoir de pouvoir pourtant survivre

Devant vous et vos agonies simultanées
Stentor désabusé, j’affirme : « Oui, J’existe ! »
Je fais fi de votre indifférence, hypocrisie
Que je devine avant qu’elle soit proférée

Devant ces corps écartelés puis décédés
Il reste mon pyrrhonisme à éradiquer
Mais faisant cela, je vois ma vie finir
Or, c’est un fait, je ne suis pas prêt à partir
Je veux qu’elle se passe bien, m’amuser
La croquer à pleines dents sans arrière-pensées
Me débarrasser du poids de mes fautes et puis
Renier mes actes, vierge de tout méfait
Et accomplir cet objectif que je voulais
Cependant sans oublier l’homme que je suis

Le Soleil s’est écroulé, et voilà les ténèbres
Qui darderont d’obscurs rais de plomb, sans cesse
Notre confession, n’est-ce pas mon père ?
Discrète, à l’ultime heure de la messe.
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*Qui dit quoi? :D
** le "vous" ne concerne pas les Muses

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