Harry Potter et les Reliques de la Mort - Première partie.

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Il y a maintenant presque 3 ans s’achevait la saga Harry Potter. Une histoire fantastique dont il est inutile de rappeler l’immense succès et qui aura réussi le tour de force de faire croître les entrelacs de son intrigue en même temps qu’une génération de lecteurs , dont beaucoup ont réappris, grâce aux aventures du sorcier balafré et binoclard, à parcourir un univers imaginaire, fait d’encre et de mots.
Avec un laps de temps considérable et compréhensible au regard de la sortie de l’œuvre littéraire, l’adaptation cinématographique d’Harry Potter a finalement déboulé dans les salles obscures la semaine passée. Enfin, la première des deux transpositions puisque les producteurs du film ont plié ce dernier à la nouvelle mode en vogue dans le monde du septième art : l’adaptation d’une œuvre en deux parties (principe qui sera notamment d’application pour le passage au grand écran du conte de J.R.R. Tolkien, Bilbo Le Hobbit, dont le tournage débutera courant 2011).
Compte tenu de l’importance cruciale que revêt ce septième tome dans l’univers pottérien, cette décision de séparer le film en deux parties était-elle un choix judicieux ou une honteuse stratégie commerciale et lucrative ? Mais plus que tout, cette transposition allait-elle faire renouer les fans avec la magie du cinéma après un sixième épisode totalement raté ?
Comme l’une des rédactrices le faisait remarquer dans le numéro de L’Escume des Nuits* consacré aux liens entre littérature et cinéma il ne faut pas concevoir l’adaptation cinématographique d’une œuvre littéraire comme une transposition dans le réel d’un univers fictionnel, transposition qui, de facto, se devrait d’être aussi fidèle que sa source originelle mais comme une interprétation de l’œuvre par le réalisateur. Pourtant, dans le cas qui nous occupe, force est de constater que le film arrive sans peine à présenter au spectateur une trame globalement respectée tout en conservant suffisamment d’émotions fortes et d’innovations pour garder en haleine le lecteur averti.
Outre cette dichotomie qui est pour beaucoup dans mon appréciation positive de ce film, il y a aussi cette volonté des producteurs (et des réalisateurs !) de la saga d’augmenter le degré de sérieux de l’intrigue cinématographique proportionnellement à l’âge de cette génération « Harry Potter » évoquée dans les premières lignes de cet article. Ce sentiment de « maturité » est perceptible dès les premières minutes de projection : on est à des années-lumières du monde gentillet que Colombus avait instauré dans Harry Potter à l’École des Sorciers. L’affermissement du pouvoir de Voldemort sur la vie des sorciers et les conséquences tragiques qui en découlent ne font rire personne et surtout pas Harry Potter qui, dans cette conjoncture difficile ressent encore plus le poids de la mission que lui a confié Dumbledore. Car la mort frappe désormais partout et de tous les côtés et très vite , le héros ainsi que ses deux comparses Ron & Hermione se rendent compte qu’ils ne se sont plus à l’abri et qu’ils doivent se dépêcher de mettre la main sur les fragments d’âme du Mage Noir afin de pouvoir espérer le vaincre.
Une quête difficile , rendue plus complexe encore par la nécessité de constamment se protéger des troupes de l’ex-Tom Jedusor ou encore des membres du Ministère de la Magie désormais corrompu : les marches, les combats et les fuites sont ainsi nombreux , allant presque à s’enchaîner tandis que la recherche des Horcruxes reste irrésistiblement au point mort. Cette situation amène d’ailleurs des tensions dans le trio qui, à la longue, provoqueront son éclatement temporaire. Ces disputes constituent la preuve que les personnages ont grandi en même temps que leur public : la violence n’est plus occultée et est présentée dans son effroyable vérité au spectateur et ce, sans filtre atténuateur (cf. la tension entre Harry et Ron ainsi que la révélation des peurs secrètes de ce dernier , au moment de détruire l’horcruxe, dont certaines sont légèrement teintées d’érotisme).
Une fois réunifié, le groupuscule devra ensuite faire face à un autre type de cruauté, celle convoquée par leurs adversaires qui n’hésitent pas à employer les grands moyens pour leur nuire (sorts surpuissants, tortures …). Heureusement, Harry, Ron, Hermione peuvent parfois compter sur l’aide d’adjuvants inattendus même si ces derniers doivent parfois les servir au péril de leur vie (cf. Dobby dont la fin est magistralement rendue à l’écran. On oubliera pas non plus l’aide nonchalante mais précieuse fournie par Kréatur).
Ouvert sur une tragédie (la mort de Maugrey Fol-Œil), le film se referme sur une tragédie : la violation du tombeau de Dumbledore par Voldemort pour récupérer la Baguette de Sureau. C’est sur cette dernière scène que se referment les deux heures vingt de film, les lumières s’allument et il est temps de retourner dans le monde des Moldus avec , pour ma part, le sentiment d’avoir vu le meilleur Harry Potter depuis Le Prisonnier d’Azkaban réalisé en 2004 par Cuàron : pas dans de temps mort, un jeu d’acteurs convenable (mention spéciale au père de Luna Lovegood ainsi qu’ aux jumeaux Weasley : trois personnages que j’ai beaucoup appréciés. Seul bémol : cette tendance à la ridiculisation qui cantonne le personnage de Ron dans un rôle carnavalesque dont il a du mal à s’extirper), des bonnes surprises visuelles (la narration de l’histoire des trois frères, contée dans un style très burtonien, est une réussite !) et une VF qui tient la route sans être exceptionnelle (si on excepte l’honteux doublage de Voldemort dont la voix de fausset gâche tout le charisme !), autant d’ingrédients qui vous permettront de passer un bon moment !
* (dont la version en ligne est accessible ici : http://www.romanes.be/escume/escume48.pdf)
 
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