Noeuds de réseaux & réglement rigolo

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Aujourd'hui, levé à 8 heures, (le retour à l'Université annonce aussi le retour des bonnes vieilles habitudes), je me suis délecté de la séquence matinale écrite par Lamy,Leborgne et Diskeuve sur Bel RTL (oui! Vous avez bien lu! Ce n'est pas de la déformation professionnelle ou un retour de veste de mauvais goût mais juste le désir d'épingler une capsule drôle et vraiment intéressante, à la hauteur, dans certaines saillies, du niveau des chroniqueurs du Jeu des Dictionnaires).

Ensuite, après avoir bu mon cacao (une journée sans verre de cacao n'est pas une journée), je me suis attelé à la relecture des notes prises lors de l'un de mes cours de didactique (ne remets pas à demain, ce que tu peux faire aujourd'hui!). L'objectif de ce cours, du moins dans son introduction, est d'expliquer toute la complexité du paysage de l'enseignement en communauté française. Très intéressant et instructif, le propos de la leçon peut être résumé comme suit :

- Mark Zuckerberg n'a rien inventé : l'enseignement en Communauté Française, c'est le principe même de Facebook : dans un réseau général (l'enseignement), tu peux choisir d'être membre d'un réseau scolaire (libre, catholique etc...), sauf que bien sûr ces différents sous-réseaux ne sont pas amis entre-eux (sinon ce n'est pas drôle).
- En Communauté Française, tu jouis d'une double liberté (c'est pas beau ça?) sauf que maintenant les autorités sont tellement embêtées qu'on essaie de la reprendre (cf. Décret inscriptions)
- Les réseaux sont soumis à la loi de la concurrence et de l'offre/demande : à quand une crise des subschools?
- Avec ou sans CEB, tous les chemins mènent au secondaire. Même si on ne comprend pas comment.
- Les réformes ne servent à rien, sinon à empirer les choses ou à les rendre plus complexes: mais certaines sont dans l'air du temps. Ainsi, à l'instar de l'Union Belge qui a réformé le championnat de D1 pour le rendre plus attractif et permettre aux clubs d'avoir un meilleur ranking européen; la Communauté Française a mis en place l'objectif 2 du "Contrat pour l'École" afin que de rendre ses élèves meilleurs et de tout péter au prochain classement PISA (et si on peut faire la nique aux Flamands au passage, c'est tant mieux !)

En outre, ce même "contrat pour l'école" contient dans l'un de ses articles, une prescription qui prend tout son sens en ces temps politiques troublés :

Article 9. - La Communauté française, pour l'enseignement qu'elle organise, et tout pouvoir organisateur, pour l'enseignement subventionné, adaptent la définition des programmes d'études et leur projet pédagogique :
Jusque - là , rien de bien marquant mais c'est le dixième point qui démontre à quel point , en Communauté Française*, on se marre bien :
10) à la compréhension du système politique belge.
Bref, avec tout ça, on est pas dans la merde.
* Communauté où ,rappelons-le, l'enseignement est un monde aussi joyeux que les bisounours avec des élèves dociles , studieux et interessés, des professeurs gonflés d'autorité et où les chaises qui volent ne sont qu'un mythe ...

Le Marchand de jouets (inachevé)

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Cette nouvelle , débutée en juin 2010 (le 19/06/10 m'indique avec précision Windows 7), n'a jamais été achevée pour quelque raison que ce soit. Tout ce qui figure ici est issu d'un premier jet et n' a pas été retravaillé. C'est peut-être ce caractère brut ainsi que l'étiolement avec le temps de l'idée générale qui m'empêche de donner à cette suite de mots un point final. Je poste donc ici le texte en l'état , animé du secret espoir de combler les points de suspension (ou pas).



Un ensemble de petits carrés noirs et rouges séparés par de longues bandes grises . De temps à autre, un petit rai de lumière qui faisait miroiter le tout. Lustrer. On était à l’époque où le bonheur existait encore et où on pouvait le montrer ouvertement . Une période où certes , il y avait des soucis mais ils étaient mineurs et naturels. C’était avant qu’on en invente de nouveaux qui viendront se greffer aux anciens : la description d’un temps jadis que l’on ne peut admirer aujourd’hui que sous la forme jaunie du sépia.
Le petit nuage continuait son voyage dans le ciel. Á son aise. Après tout , il avait le temps lui et n’était pas du genre à faire la course avec ses autres congénères cotonneux . Il se laissait aller et contemplait lascivement toutes les actions qui se réalisaient en contrebas. Ainsi , si on regardait plus attentivement les différentes ligatures qui découpaient toutes ces couleurs en un carrelage parfait de quadrilatères, il arrivait qu’on puisse distinguer en leur sein deux très fines lignes parallèles qui les parcouraient. Et sur ces dernières, une petite boite brinquebranlante avançait, son antenne braquée vers le ciel, comme un signe d’adoration
Un peu de vent se leva, charriant des particules de toutes sortes dans le ciel. Cela obligea le cumulus à épousseter sa toge à replis blanc. Mais ce moment d’inattention lui fit perdre de vue le tramway qui dévalait la pente et l’homme qui à l’intérieur , humait l’air virevoltant avec un large sourire. Ce dernier , qui ne tarderait pas à déambuler dans la rue lors du prochain arrêt, s’empressait de refermer d’un geste sec sa sacoche de cuir. Au bout de son bras , un poing fermé et dans cette gaine de chair , une clé. Ce n’était pas un sésame ordinaire , un de ces multiples bouts de métal crénelé qui donne accès à des bâtisses sales et tristes. Non . C’était la clé du paradis. Son paradis. Un petit magasin à la devanture discrète avec des cubes de bois comme chérubins.
Le wagonnet s’arrêta soudain. Déjà des personnes de tous âges et de tous bords naviguaient entre les pieds, les bras levés et les cabas pour parvenir à la sortie. Á l’extrémité de la machine , des contrôleurs, alourdis par le cuivre des boutons d’uniforme, percevaient la dîme du voyage tout en essayant d’endiguer l’enthousiasme des haut-de-forme à se faire transporter. L’homme frisa distraitement sa moustache brune (que le petit nuage verra blanchir au fil de ses passages) puis descendit. Il trébucha un peu sur les rails et la semelle de sa lourde botte forgea une petite encoche sur le minerai.
Trente ans plus tard, il pleuvait et l’encoche était toujours là. Les tramways ballotants qui symbolisaient la modernité il y a une grappe de lustres, n’étaient plus que des pièces de musées ou des habitations pour originaux. Par souci d’économie , on les avait remplacés par d’autres machines plus belles , plus neuves et plus rapides, jusqu’à écorcher leur nom ancien : il s’agissait désormais de trams et je me trouvais dans l’un d’entre eux , une après-midi de Novembre, avec un sac sonore à mes pieds. Ce dernier était bruyant car il contenait beaucoup de jouets en bois qui s ‘entrechoquaient dans cet espace confiné. Peut- être avaient-ils besoin de respirer ? Une chose est sûre : ils souffraient. Une roue arrachée par ci , une entaille décelée par là , tous avaient été mis en quarantaine dans ce camp de polystyrène pour qu’on les soigne des mutilations du tyran.
Ce dictateur , c’était mon neveu, Victor, 3 ans. Un destructeur-né, un disciple de Thanatos avant l’heure qui assimilait les livres à des deltaplanes et leurs pages à des ailes de moustique. Á cette période de notre existence, nous sommes déjà très créatifs dans l’art de blesser. Mais comme il s’agit de l’aube de notre vie , nous nous en rendons pas compte et il est donc très facile de nous pardonner. Par contre , avec l’avènement de la conscience, faire usage de la même licence au midi ou au crépuscule de notre fortune , relève de l’avanie.
Que peut faire un homme confronté à la face barbouillée de larmes d’un petit enfant qui ne peut assouvir ses pulsions d’anéantissement ? Rien de plus que d’effacer les traces du crime dans un grand mouvement de pardon œcuménique. C’est dans cette optique que j’avais pris le tram ce jour-là. La virtualisation des amusements raréfiera ce type d’entreprise jusqu’à la rendre inexistante, ce qui explique les trémolos de nostalgie visibles dans les boucles de mon écriture. Mais je parle ici d’un avenir qui n’a pas cours à cette époque.
Le marchepied descendu , mes pas me conduisent dans une petite ruelle sombre, anciennement marchande, où pourrissent des enseignes qui illuminaient les visages des badauds quelques décennies auparavant. Il subsistait cependant une faible lueur dans l’une de ces échoppes d’une autre ère , un bâtiment de bois ciré encadré par une pancarte défraichie , qui annonçait – plus pour la postérité que par véritable intérêt mercantile - :
« Chez Tom. Fabricant de jouets. Depuis 1940. »
Mon ballot d’éclopés sous le bras , je pousse la porte et entre. Une petite sonnette annonce mon intrusion dans ce paradis qui a vu s’unir le bois et le ludique , sous l’égide d’un créateur dont j’entendais le pas traînant s’approcher depuis l’arrière-boutique. Tout autour de moi s’étalaient sur des étagères des jouets et jeux de tous types, certains de conception ancienne comme en attestait la pellicule de poussière. D’autres , en revanche, respiraient la vitalité de la nouveauté dans cet atelier où, malgré le temps et les désillusions , subsistait encore cette odeur si particulière qui est celle de la passion.
« - Ha … C’est toi. »
Une voix chevrotante me fit sortir de mon état contemplatif. Un vieil homme s’approchait du comptoir, le visage ravagé par les nombreuses balafres de l’âge. Sa motricité avait également connue des altérations temporelles : il se déplaçait sur une canne, en grognant et en soufflant dans un long râle d’effort , comme si c’était la dernière chose qu’il eut à accomplir sur Terre. Son corps était penché et se voûtait davantage au fil des jours, comme si ce dernier se préparait déjà pour le grand plongeon dans la tombe. Mais malgré les apparences , Tom avait encore bon pied et bon œil et de ses mains envahies de cals sortaient encore des merveilles.
Le vieillard me dévisagea un instant avec ces grands yeux bleus pétillants de sagesse. Puis, tout en frisant machinalement sa moustache, il me gourmanda :
« - Laisse-moi deviner … Victor a encore fait des siennes …
- On ne peut décidément rien te cacher , vieux briscard , répondis-je en rigolant tout en posant mon chargement sur l’établi
- Beaucoup de dégâts ?
- Pas tellement … En réalité , j’aurais pu tout réparer moi-même mais j’aime saisir chaque bonne raison que j’ai pour venir te voir
Le sourire du vieillard s’accentua mais j’eus néanmoins l’impression de voir un éclair de tristesse strié un instant son regard :
« - Bon ! Voyons ça de plus près … »
Tom disparut un moment et revient avec une sacoche de cuir sous le bras. Il en défit soigneusement les lanières puis farfouilla dedans pour en retirer divers instruments. Puis il commença la réparation et pendant le processus , nous discutions de la pluie et du (mauvais) temps.
« -Voilà, dit Tom après une demi-heure, j’ai réparé les dégâts et ai même rajouté quelques points de colle pour faire durer le plaisir de ce bonhomme de Victor , ajouta t-il avec un sourire malicieux
- Il sera probablement aux anges ! Et très content lorsque je lui dirai que c’est toi qui a ressuscité ses jouets … Tu sais bien à quel point il t’adore !
- C’est un brave petit enfant. Il ira loin …
- Il était déçu que tu ne soies pas venu dîner dimanche passé , poursuivais-je, d’ailleurs , repris-je en baissant la voix , je dois t’avouer que cela m’a étonné aussi. Ce n’est pourtant pas dans tes habitudes de décliner un repas. Cela ne te ressemble pas.
- Effectivement , avoua le fabricant, mais je n’étais pas bien et je ne voulais pas choquer le petit par ce spectacle, comprends-tu ?
- Je comprends…
Il me cachait quelque chose. C’était évident. Tom n’a jamais su mentir et ce n’est pas dans les ultimes années de sa vie qu’il aurait pu parvenir à assimiler cet art complexe. En outre, comme un écho à ce mensonge , toute joie avait disparu de son visage et l’éclat de tristesse que j’avais aperçu dans ses yeux s’était mué en un orage de mélancolie. Je regardai rapidement autour de moi : il n’y avait personne dans la rue , ni dans la boutique , hormis les jouets et le clapotis des gouttes de pluie. Dès lors , assuré de ce calme ambiant, je me résolus à en savoir davantage sur la nature de ce mal qui étreignait mon vieil ami. Ce dernier opposa au début une résistance farouche , tentant d’endormir ma curiosité à coup de phrases phatiques et vides de sens puis de prières de tout acabit. Après une demi-heure de joute verbale sur un champ de bataille de bois , mes arguments eurent raison de sa défense renforcée d’expérience. Il me pria de m’asseoir et s’expliqua dans la plus longue confession qu’il devait jamais me faire.
« - Je suis fatigué de vivre. Le monde a tellement changé depuis que je me suis installé ici, depuis que je suis passé d’apprenti à mon propre maître, que je ne me sens plus en phase avec lui. Tout est devenu si froid , si impersonnel, si glacé que la chaleur et la joie que me procure mon métier s’estompe de plus en plus au fil du temps. Je commence à perdre la foi et le courage.
Ce quartier … Il n’était pas comme ça avant … Jadis , c’était une petite place ensoleillée où il faisait bon vivre et où beaucoup de familles se promenaient avec bonheur. La plupart d’entre-elles entraient dans ma boutique pour acheter une babiole à leur gamin comme récompense ou parce qu’une occasion spéciale se présentait. Et pendant que le bambin parcourait avidement les étagères à la recherche de son Graal, les adultes prenaient le temps de discuter avec moi : on s’échangeait les derniers potins , on se chamaillait sur la politique ou s’enthousiasmait sur les résultats sportifs. J’étais une personne connue et appréciée et souvent , on m’invitait à jouer poker ou belote , le dimanche , à l’ombre des arbres, autour d’une bière : il y avait une véritable relation de camaraderie et de confiance dans le village et tout allait pour le mieux.
Aujourd’hui , ce tableau ne subsiste que dans certaines mémoires et passerait presque pour un âge d’or révolu. »
 
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