L'art d'ouvrir l'huître (L'Huître, F. Ponge)

-->Qui aurait-cru qu'une simple définition d'encyclopédie sur cet innocent coquillage allait inspirer un des poètes les plus novateurs du XX ès (enfin , d'après mes cours bien évidemment)? Car ce qui suit est bel et bien un poème même si la forme est très particulière - très encyclopédique même comme je le mentionnais plus haut ( et puis, si vous trouvez des vers dans l'huître, c'est qu'elle n'est plus très fraîche! [Ha! ha! ha! Blague débile inside]).
Perclus de figures de style ultra-intéressantes (dont je vous ferai grâce pour ma santé mentale), cette pièce littéraire vaut vraiment le détour. Pas pour le contenu mais plutôt la manière de l'amener et de le décrire ...

L'huître, de la grosseur d'un galet moyen, est d'une apparence plus rugueuse, d'une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C'est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l'ouvrir : il faut alors la tenir au creux d'un torchon, se servir d'un couteau ébréché et peu franc, s'y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s'y coupent, s'y cassent les ongles : c'est un travail grossier. Les coups qu'on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d'une sorte de halos.
A l'intérieur l'on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d'en dessus s'affaissent sur les cieux d'en dessous, pour ne plus former qu'une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l'odeur et à la vue, frangé d'une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d'où l'on trouve aussitôt à s'orner.

Bien entendu, il existe une lecture un peu plus marginale de cette prose. Mais le travail étant suffisamment grossier comme cela, je me refuserai à en rajouter une couche ...

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