Demain, on abordera fièrement un "2" à la proue du binôme chiffré du poids des années.
Mais si cela donne des coups de vieux à certains, moi je ne changerais pas.
On écrit sans cesse ...
Volutes de fumée qui s'enfuient vaille que vaille
Un plateau troué par une terreur sans nom
Des corps projetés dans des ballots de paille
De terribles cauchemars qui en disent long
Mon corps meurtri a reçu une salve de balles
Mon âme a fui à cause d'un bout de métal
Je me sens léviter vers de nouvelles ouvertures
Et dans la tente, on fait compter les blessures
Dans ce paradis de grosse toile grossière
Les anges sont vêtus de blanc et infirmières
N'attendez d'elles aucun verset de réconfort
« Oui , t'es pas mort et il te faudra vivre encor'! »
Lorsque j'étais tout petit, j'adorais la guerre
Et naguère je créais une mythique confrontation
Un lion ceinturé à la langue bien haineuse
Contre un coq vermeil éternellement paresseux
Et un iris jaune voulant garder l'étable entière
En l'absence des trois Rois Mages qui tournent en rond
La neige tombe et il gèle à pierre fendre
Mes pas tuent l'herbe tendre de Novembre
Le vent menant les cendres amies méprise mon existence
Mes frères! Peut-être, je ne connais pas ma chance!
Mais chaque soir,mes larmes diluviennes descendent
Pour laver vos visages de la poussière d'oubli
Et vous bercer tranquillement dans vos lits polis
Que je déteste nos pourceaux de supérieurs
Qui égrènent en se marrant le nom des assassinés
Et plus qu'ils élèvent pour bravoure et honneur
Mon égo et celui de mes comparses enterrés
Ils ont lancé des bouquets de fleurs à l'Histoire
Et se sont justifiés sur le bas-côté.
Nous avons balancé des grenades à l'Histoire
Et nous n'aurons jamais fini de le payer!
Une corde pour vous rejoindre là, tout au bout
Un peu raide mais arrimée à mon cou
Laissons le temps s'écouler d'once en once
Il apportera peut-être des questions à nos réponses!
Il y'a un transfert bicolore dans mes yeux
Un espoir ravivé sous cette clarté
Des regrets cachés sous un manteau bien fermé
L'aventure se boucle sans se terminer
Le résumé d'une vie en petits clichés
Et je n'arrive pas à trouver le juste milieu
Ce soir, c'est la première!Et la foule se presse
Ticket à la main, elle foule le domaine
Et assise dans cette populaire messe
Elle juge, sous le regard vitré, la peine
Déjà surgissent les premières prières
Les craquements sinistres du maïs broyé
Appels à la luxure en pleine lumière
Un peu de débauche avant de se crucifier
Via le feu qui circule dans mes entrailles
Je projette à toutes ces pupilles affamées
Les images avec lesquelles j'ai fait mon repas
Les régurgite à une cadence infernale
Et je m'en lave les circuits de tes pitiés
Tu auras ta coupe même contre ton gré!
Dénudée et exposée sur une mince toile
Toute ton existence est passée au crible
Désormais sans odeur, vidée jusqu'à la moelle
Tu deviendras leur cible dans quelques heures
Il n'y a plus de confessions dans cette enclave
On est horrifié devant l'ampleur des maux
Jalousement gardés au sein de ta mémoire
Mais c'est extirpés dans le coin d'une chambre noire
Nimbés de la lueur sanguine des eaux
qu'on mettra en scène leur dernier hommage
Et puis soudain,un claquement, voilà le drame!
Un voile noir me couvre les yeux et trois lettres
Blanches jouent le rôle de tunnel d'espérance
Avec comme mélopée, les gens qui s'apprêtent
Les avis émis par ces messieurs et ces dames
Demandent ta tête moyennant finance
Projecteur et sujet , qui sera mortellement blâmé?
Tous les deux sous les feux de l'estrade
Ont été jugés par le petit peuple fade
Mais pour déterminer le coupable, il faut trancher.
Car ceci n'est qu'un film ancien
Relatant les actions d'un homme de bien
Mais déformés par la prise d'un autre chemin
Et le monde ferme les yeux devant son quotidien.
Là où je vagabonde, ce labyrinthe
Naviguant entre la pierre, Dédale en ces murs
Emprisonné dans mes pièges contre-nature
Et la perspective de liberté m'éreinte
Il n'y a que les nuages pour me tenir compagnie
Et le reflet tricolore de ces soleils électriques
Qui changent sans cesse de nuance, à l'infini
Ils surplombent su haut d'un poteau anémique
Il n'y a qu'une foule de spectres comme confrérie
Vivant parmi les morts, ils auraient dû m'achever
Pourtant les caresses de leurs regards vides
Me ramènent à ma condition de vie
Il n'ya que des fantômes comme fratrie
Et je suffoque d'être ainsi différencié
Assassiné par d'ectoplasmiques poignards
De désinterêt,et agenouillé, hagard
Noyé sous ces effleurements d'yeux révulsés
Même mort parmi les morts, je suis encore impie
Là où j'erre, tentacules vernaculaires
Perdu dans ces rues, Dédale mais fier
Brûlé par ce kaleidoscope électrifié
Je veux me libérer mais je ne peux voler.