C'est comme (une pensée)

Cette pensée,

C’est comme la fureur d’une rivière endiablée

Dans laquelle un arbre se serait mis à pousser

Et qui réfrénerait cet enthousiasme déchainé

Et même au creux de la vague, il ne pourrait lâcher

Sous peine d’être arraché comme un vulgaire bout de bois


C’est comme parcourir l’étendue d’une page

Et consulter la carte des chapitres, pour partir

C’est vivre l’aventure de l’intrigue, sous l’impression du livre

Et croire à la réalisation d’une péripétie qui peut changer la vie

Tout en sachant que l’impossible ne peut advenir


Et même si je me sens si petit à l’aune de tous ces changements

Je ne peux cependant pas éviter de penser grand



Cette pensée,

C’est comme une caravane embourbée dans le désert

Conduite par un voyageur qui était distrait

Et dont le rêve serait d’emporter ce qu’il considère comme le soleil

En oubliant que s’en approcher, c’est brûler ses repères

Pourtant, il continue de désirer cette richesse qui n’est pas monnaie


C’est comme si le sable des occasions manquées

S’était mis à se solidifier en une idée à laquelle se raccrocher

Tout en promettant que cette fois-ci, elle ne partirait pas en poussière

Et les grains de se glisser alors au creux des réflexions instantanées

De manière à ce que tout se ramène à elle en un coup de fouet


Et même si je me sens petit sous la gifle du vent

Mon esprit essaie de me convaincre que je peux penser grand.



Cette pensée,

C’est comme un fantôme qui se lasserait d’être invisible

Et qui forcerait ses traits au feutre indélébile

Au détriment du reste, juste pour être regardable

Car il n’a pas compris que tout pouvait être écrin

Et qu’il craint d’être chassé par le souffle d’un revers de main.


C’est comme une roue de la fortune tournant sans cesse

Elle insuffle de maigres espoirs et de grosses douleurs

Et le numéro qu’on vise pour atteindre le bonheur

Elle le laisse seul ou le destine à une autre personne

De telle manière que malgré les efforts, on ne l’obtienne jamais


Cependant si je me sens si petit devant cette masse

De gens, prisonnier d’une pensée envahissante et passant

D’un extrême à un autre, abandonné par l’aurea mediocritas

Mon esprit continue de penser grand



Alors, quitte à subir le destin de la grenouille,

Je suis tout de même là.

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