Dans le
domaine cinématographique, l’expérience commune (ou l’avis des spécialistes du
septième art) tend à conseiller au spectateur de se méfier des long-métrages affublés
d’un petit « 2». Il serait néanmoins dommage que celui-ci se fie strictement
à ce diktat. En effet, retravailler une recette ayant déjà fait ses preuves
peut lui être bénéfique puisque ce dernier retrouvera à la fois les ingrédients
qui l’ont originellement fait frissonner mais aussi cette nouvelle saveur qui
rendra son visionnage mémorable.
Sur pellicule
, Expandables 2 promettait, à grands
coups de trailers alléchants, d’allier ces deux approches. En d’autres termes,
reprendre les lignes de force qui avaient propulsé le premier opus vers le
succès mais à une autre sauce et avec davantage d’ambition : plus d’acteurs
célèbres , plus d’explosions, plus de combats et ce, tout au long des 102 minutes du film.
Pour arriver à
ses fins, les scénaristes ont abandonné le contexte mêlant drame et sérieux du
premier volet pour jouer à fond la carte de l’action mâtinée d’une bonne dose
d’auto-dérision. En résulte donc une histoire minimaliste où l’opposition
archétypale entre les bons et les méchants est prétexte à des scènes plus
spectaculaires les unes que les autres. Superbement réalisées, ces dernières se
révèlent jouissives voire comiques grâce à leur côté complètement
invraisemblable. Un aspect humoristique renforcé par des vannes axées tantôt
sur des jeux de mots simples mais efficaces (cf. le déjà cultissime « Rest in pieces »), tantôt sur le
background d’un des protagonistes du long-métrage (Schwarzenegger qui scande à
tue-tête « I’m back ! »).
Le nombre des
acteurs a également été revu à la hausse dans cette suite : aux 6
combattants du originaux, s’ajoutent moults noms prestigieux, tous issus de la
période dorée des 80-90’s comme Chuck Norris ou encore notre JCVD national. Ajouté
à l’intention évoquée plus haut d’en mettre plein les mirettes au public, ce
casting aussi nostalgique que démoniaque s’avérait être un atout supplémentaire
pour que la recette Expendables continue
de fonctionner et de perdurer.
Pourtant, la
mayonnaise n’a pas pris.
En cause
notamment le rythme du film trop inégal pour tenir le public en haleine. Les
séquences d’affrontement sont en effet entrecoupées de longs plans centrés sur
les souvenirs des héros, leurs sentiments, leurs doutes quand on n’entre pas
carrément dans les réflexions philosophiques profondes (cf. le monologue aussi
ridicule que drôle du père Stallone sur les raisons qui poussent les meilleurs
à partir en premier). Si l’atmosphère du premier opus permettait de
crédibiliser cette alternance entre moments calmes et plus nerveux, force est
de constater que ce mécanisme n’a aucun sens dans un long-métrage qui a érigé
l’humour et l’action comme raisons d’exister. Dès lors, dans la salle, on se
surprend à detester ces intermèdes ennuyeux qui s’imposent à nous entre deux
(magnifiques) échanges de tir.
Présentée
comme la pierre angulaire de la réalisation cinématographique, l’apparition des
diverses célébrités à l’écran se révèle en réalité problématique tout au long
du film. Il ne s’agit pas ici de contester le fait que chaque star dispose de son propre moment de gloire, ce
qui semble de prime abord logique mais de souligner la disparité de ceux-ci. Et
d’ainsi déplorer qu’un Jet Li, un Bruce Willis ou un Chuck Norris (bien que
celui-ci ait quand même eu le temps de placer une hilarante Chuck Norris Facts) ne bénéficient pas
de davantage d’exposition médiatique. En outre, la multiplication des
protagonistes par rapport à la durée du long-métrage empêche d’une part que ces
derniers soient développés suffisamment pour qu’on s’y attache et de l’autre
qu’une véritable cohésion émerge au sein du groupe : la scène finale
apparait donc davantage comme une somme d’individualités que comme un travail
d’équipe planifié dans un but commun (arrêter le méchant).
Ce constat est
renforcé par un jeu d’acteur oscillant entre le bon et le médiocre :
ainsi, si Stallone et sa bande apparaissent toujours aussi charismatiques, si
Norris a montré en quinze minutes que son aura était toujours intacte, si
Schwarzie et Willis nous ont fait rire, ce n’est pas le cas de Jean-Claude Van
Damme qui n’effraie pas dans son rôle de méchant caricatural (même si, à sa
décharge, porter le nom de M. Vilain n’aide pas beaucoup) et dont le combat
final pathétique détruit toute once de crainte.
Au final, si
l’on pèse les qualités et les défauts de ce film sur une balance, il en ressort
de l’amertume et de la déception. Esthétiquement beau et doté d’une ligne
directrice qui semblait calibrée pour satisfaire tout type de public, le
long-métrage possède cependant trop de défauts pour utiliser à bon escient les
armes qui lui ont été données afin de faire feu droit dans le cœur des spectateurs.
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