Réécriture : « reprise d’une
œuvre antérieure par une autre qui l’imite, la transforme, s’y réfère
explicitement ou implicitement » (Le Dictionnaire du Littéraire)
Comment évoquer The Offspring
aujourd’hui ? Faut-il opter pour la sacro-sainte et banale
biographie ? Ou plutôt un souvenir d’adolescent(e) durablement
associé à l’un de leurs tubes mémorables ? À moins qu’on ait tout
simplement oublié l’existence de ce groupe bien qu’il sillonne régulièrement
encore les scènes internationales ? Face à ces interrogations, nous
prendrons le parti de traiter le sujet de manière originale, en suivant un
dictionnaire.
Et de nous demander :
qu’est-ce que Days Go By ? Ni plus ni moins que du neuvième album
des musiciens d’Huntington Beach (en Californie). Et le titre du single destiné
à promouvoir le disque en Europe : un morceau qui parle du temps qui
passe, thématique que la bande du chanteur Dexter Holland a choisi
d’exploiter tout au long de l’album, que ce soit au sein des paroles ou des
choix artistiques opérés.
Emblématique de cette
tendance, The Future is Now ouvre l’album de manière
ébouriffante, avec ses riffs rapides et son refrain puissant : une piste
qui semble confirmer la fougue retrouvée d’un combo que le public a parfois
trop vite envoyé dans la fosse des has-been. L’auditeur lambda
(celui qui n'aurait écouté ou qui se serait arrêté à Americana, dernier succès
international des Californiens) se sentira aux anges.. A contrario de celui plus
expérimenté qui, même s’il aura repéré ça et là quelques audaces musicales
ressemblant à de l’inspiration, sera sans doute beaucoup plus perplexe.
Peut-être parce que la plupart des mélodies présentées sur la galette lui rappellent
quelque chose. Comme si la réponse à ce dilemme des jours qui passent, The
Offspring n’avait pu la trouver que dans l’exhumation de son glorieux passé
(comme le réenregistrement de Dirty Magic sorti sur
l’album Ignition de 1992) et ou dans la reprise
des recettes d’autres groupes qu’ils ont ou qui les ont influencés (citons
respectivement Rise Against ou les Clash).
Mais si The Future is
Now fait penser à Savior du premier, si une chanson
comme OC Guns semble être un hommage aux Guns of
Brixton du London Calling des seconds, les
Californiens ont néanmoins l’honnêteté de reécrire ce matériel ancien et
moderne à leur sauce. Un travail qui passe notamment par la conservation du
fameux son « Offspring » codifié définitivement il y a une quinzaine
d’années et qui réussit l’exploit de transparaitre dans une production
définitivement trop lisse pour donner un véritable caractère sonore à l’album.
Un comble, lorsque l’on sait que le chanteur se plait à singer cette tendance
dans Cruisin’ California, parodie (une des spécialités du groupe) à
peine cachée de Katy Perry qui, sans être désagréable, n’a cependant pas
clairement le même impact que le célèbre Pretty Fly. Si ce constat
peut s’appliquer à d’autres pistes, cela ne signifie cependant pas que la synthèse
entre ancien et nouveau opérée par The Offspring accouche de mélodies banales
: Hurting as One, dont le refrain reprend les paroles d’une autre
chanson (Something to believe in), Turning into you ainsi
que Secrets from the Underground ou encore la paire Dividing
by zero/ Slim Pickens dont les Belges ont eu droit à la primeur lors
du passage du combo à l’AB, sortent du lot et promettent encore quelques beaux
mouvements de foule lors de futures représentations en live.
Que retenir de cet
opus au final ? Que The Offspring vieillit sans pour autant être
grabataire. Conscient que le temps passe, le groupe tente de surprendre en
proposant un album où se cotoie la résurgence inespérée du passé et une
tentative – parfois convaincante mais souvent maladroite – de s’insérer dans la
vague musicale actuelle en s’inspirant de ce qui est plébiscité en punk
(pop ?)-rock. Aujourd’hui Ainsi, malgré les jours qui passent, les
Californiens nous offrent un bon petit album sympathique mais que les choix
hasardeux et les influences parfois trop évidentes empêchent d’être une
réussite totale.